APELA

Association Pour l'Étude des Littératures Africaines

La littérature nigériane: état des lieux / Nigerian Literature: State of Play

 

Journée d’études 2018

Date: Vendredi 14 et samedi 15 septembre 2018

Lieu : Université de Sorbonne nouvelle – Censier, Paris

 

APPEL À COMMUNICATIONS

 

La littérature nigériane: état des lieux / Nigerian Literature: State of Play

 

Argumentaire

 

On ne présente plus le Nigeria : le géant de l’Afrique, qui n’a jamais laissé personne indifférent, reste aujourd’hui, en dépit des vicissitudes traversées et au-delà des critiques, le pays dont Ricard écrivait en 1975 (13) : « le Nigeria n’est pas seulement un Etat riche et peuplé […], il est aussi l’un des Etats africains qui offrent dès aujourd’hui l’exemple de ce que sera, demain, la culture africaine. » Or, au premier rang des pays au sud du Sahara dans le domaine de l’imprimé, la patrie d’Equiano s’enorgueillit de littératures publiées non seulement en anglais mais aussi dans les autres langues nigérianes, émanant des diverses régions de cette vaste fédération. Or, ces littératures ne sont que peu connues en Europe, du fait de la barrière linguistique notamment.

Des efforts ont cependant été faits dans ce sens, et ce, dès 1953 et la traduction française, par Queneau, de l’ouvrage sorti peu avant mais déjà célèbre de Tutuola : the palm-wine drinkard – l’ivrogne dans la brousse. Ce premier travail sera suivi de bien d’autres – mais il va falloir attendre 1966 pour que paraisse Le monde s’effondre d’Achebe, qui deviendra le roman africain le plus lu dans le monde. Deux ans plus tard, ce sera le tour de Le lion et la perle de Soyinka.  L‘Anthologie négro-africaine de Kesteloot a permis entre-temps aux lecteurs francophones de découvrir un certain nombre de poèmes, inédits en traduction, de Clark, Okara et Okigbo – ce dernier avait reçu l’année d’avant le titre de meilleur poète en anglais au Festival des arts nègres de Dakar.

Après la guerre du Biafra (1967-70) qui a projeté bien malgré lui le Nigeria sur la scène internationale et contribué à resserrer ses liens avec la France, les traductions deviennent plus nombreuses : le Malaise, Le Démagogue et La Flèche de Dieu offrent un panorama de la création romanesque de l’écrivain igbo désormais le plus connu ; les pièces de théâtre et le roman Les interprètes  révèlent le talent de Soyinka, jugé alors « de dix ans en avance sur ce qui se fait dans les autres pays » (Kesteloot 1967 : 250). La Brousse ardente est l’occasion de faire tardivement connaissance avec un écrivain déjà mûr, Ekwensi, dont le People of the city est sorti de presses en 1954. Les années soixante-dix voient également paraître les ouvrages d’Anozie et Melone sur le roman africain et l’oeuvre d’Achebe, de Dussutour-Hammer sur Tutuola et de Ricard sur Soyinka, le théâtre et l’édition au Nigeria. La sortie, en octobre 1980, d’un numéro spécial de la revue Europe sur la littérature nigériane d’expression anglaise, va permettre de lire toute une pléiade d’écrivains dans des extraits traduits en exclusivité: Achebe et Soyinka bien sûr encore, mais aussi Okigbo, Sofola, Osofisan, Omotoso, Okpewho, Abimbola, Chukwu et d’autres. Un an plus tard, le Nigeria, qui a déjà fait une timide apparition dans des manuels de littérature africaine comme ceux de Papa Gueye Ndiaye, de Falq et Kane ou de Lecherbonnier, est présent dans la bibliographie analytique de la Littérature orale d’Afrique noire de Görög. Grâce à Ola Balogun, premier africain anglophone à avoir publié un ouvrage de création en français, et grâce à ses nombreux critiques universitaires publiant dans cette langue, le Nigeria figure également dans la Bibliographie des auteurs africains de langue française publiée chez Nathan comme dans le Dictionnaire des œuvres littéraires négro-africaines de langue française de Kom, publié au Canada.

La connaissance de la littérature nigériane sera renforcée, dans les années quatre-vingt, par d’autres traductions : celles d’ouvrages d’Achebe, d’Ekwensi, de Nwankwo, Nwapa, Okara, Osofisan, Soyinka et Tutuola, tandis que, de plus en plus nombreux, les manuels français et francophones de littérature africaine découvrent les auteurs et critiques nigérians, et que paraissent différentes études générales et approfondies sur le pays, sa littérature orale et écrite et son art. L’année 1987 marque une étape importante puisqu’elle voit sortir enfin la traduction de l’ancêtre de cette littérature, le récit autobiographique d’Equiano, esclave igbo libéré, paru pour la première fois en 1745 à Londres. Jusqu’en 1990, on traduira, bon an mal an, entre un et quatre ouvrages nigérians, le plus souvent avec un énorme retard sur la publication du texte original : il y a ainsi huit ans d’écart entre Things fall apart et Le Monde s’effondre, quatorze ans entre No Longer at ease et Le Malaise, seize ans entre Burning Grass et La Brousse ardente, vingt-deux ans entre Efuru et sa traduction française. Soyinka lui-même n’est pas épargné puisque vingt-trois ans séparent The Road et La Route. Cet écart est révélateur : il témoigne à la fois des hésitations des éditeurs et du peu d’intérêt généralement suscité dans le public français par la production littéraire nigériane. La sortie d’un auteur en traduction n’est d’ailleurs pas toujours la garantie du succès puisqu’il faudra trente-cinq ans à Tutuola pour voir le second de ses ouvrages traduit en français.

L’Université française s’est mise, dès les années soixante, à l’étude de la littérature nigériane – comme l’écrira Kesteloot (1995 :36), « on ne peut ignorer les écrivains d’Afrique anglophone qui sont connus par des traductions dès le début des indépendances, les plus précoces et brillants (étant) les Nigérians. » Notons à ce propos le rôle important joué par les Départements d’Anglais et de Littératures anglophones, qui connaissent déjà depuis longtemps la littérature nigériane, ayant placé plusieurs des écrivains du Commonwealth à leur programme – Arrow of God d’Achebe est ainsi le premier roman nigérian à figurer au programme d’agrégation d’Anglais en 1980. Le choix des écrivains étudiés est cependant restreint : plus ou moins limité par le nombre d’ouvrages traduits, il s’est porté sur des talents confirmés et des auteurs déjà inclus dans les anthologies des premières années. La France a cependant toujours joué un rôle important sur le plan culturel au Nigeria, et publié trois dictionnaires bilingues français-haoussa, yoruba-français et igbo-français, sortis chez Karthala en 1997 et 2004, même si cette étape-clef n’a pas été suivie d’une découverte des littératures nigérianes en langues nationales et régionales. Le domaine de la traduction et de l’étude des œuvres en langues africaines reste donc en grande partie inexploré. Le but, somme toute assez modeste, de cette journée d’études, est de faire, dans un premier temps, un panorama des principales littératures du pays, dans le but de les faire connaître. Ce panorama sera suivi de communications présentant les auteurs-phares du Nigeria, et quelques autres.

 

Axes proposés

 

  1. Introduction générale et pistes d’approche : dates-clefs, langues et littératures, genres littéraires, oral et écrit.
  2. Auteurs-phares, connus et moins connus

 

Calendrier

 

Date limite pour la soumission des propositions : 30 avril 2018 

Confirmation des propositions acceptées: 30 mai 2018

 

Propositions de communication

 

Les propositions, avec leur titre et un résumé de 250-300 mots en français et en anglais, indiquant l’axe choisi, sont à envoyer à: fugochukwu@yahoo.com

Elles devront comporter:

Nom, prénom, affiliation institutionnelle, adresse électronique et biobibliographie synthétique des auteurs (5 lignes max).

Les langues de travail seront le français, ou l’anglais avec PowerPoint en français.